Élections régionales et municipales au Venezuela: l’alimentation, enjeu principal pour les électeurs

 


Ce dimanche 21 novembre, les Vénézuéliens sont appelés aux urnes pour élire leurs maires et les gouverneurs des 23 États du pays. Ces élections se tiennent dans un contexte de grave crise économique. Aujourd’hui, la principale préoccupation des Vénézuéliens est l’alimentation. Avec la dollarisation du marché, la nourriture est certes de retour dans les rayons des supermarchés, mais la grande majorité des familles vénézuéliennes vivent avec moins de 10 dollars par mois, pas assez pour acheter de quoi manger.

« Je suis assistante dentaire. Mon salaire ne suffit pas pour acheter de la nourriture. Je gagne 29 000 Bolivars par mois. Mais un kilo de fromage coûte 18 000 Bolivars. Je ne m’en sors pas. » Timidement, Yoselyn Marquez tend un sac à dos qu’elle a apporté pour y ranger plusieurs boîtes de Tupperware, chacune remplie d’un repas complet. Incapable de nourrir ses trois enfants, la jeune femme de 35 ans est venue ce midi à la cantine solidaire de La Vega, un bidonville à l’ouest de Caracas. Derrière la maison de Marvelis Paredes, les femmes du quartier cuisinent ensemble dans de grandes marmites.

« Toute une génération d’enfants souffre de malnutrition chronique »

Les ingrédients de ce repas proviennent d’Alimenta La Solidaridad. En cinq ans, cette ONG vénézuélienne a pu ouvrir 280 de ces cantines solidaires à travers le pays grâce aux fonds internationaux. « On pourrait croire qu’au Venezuela la situation s’est améliorée puisque les rayons sont de nouveau bien remplis. Mais en fait la crise ne fait qu’empirer au sein des familles vénézuéliennes », estime Alberto Kabbabe, le directeur d’Alimenta La Solidaridad. « Nous constatons tous les jours que la faim gagne du terrain dans les communautés. Toute une génération d’enfants souffre désormais de malnutrition chronique.

Le soutien alimentaire du régime socialiste se fait de plus en plus maigre

En 2016, le régime socialiste a mis en place une distribution mensuelle de produits alimentaire dont bénéficient officiellement plus de 6 millions de Vénézuéliens. Mais les cartons qui arrivent dans les foyers sont de plus en plus légers. « Avant ils contenaient trois paquets de farine, trois de riz et trois de pâtes. Maintenant il y a seulement un paquet de pâtes et deux de riz. Et ce carton n’arrive qu’une fois par mois », raconte Yoselyn Marquez

Confrontés à la faim, les habitants des quartiers pauvres de Caracas ont dû trouver d’autres solutions. Ces derniers mois, des parcelles de plantation sont apparues sur les flancs de montagne qui entoure la capitale. Depuis le toit de sa maison à Nouevo Horizonte, Fernando Parra montre du doigt une pente vertigineuse, perchée juste haut-dessus de l’autoroute. « C’est mon potager dans lequel poussent du manioc, de l’igname, du maïs, des potirons et des patates douces », détaille cet ancien commerçant. « Je n’en vends presque rien. La récolte, c’est pour notre consommation personnelle. Elle fait vivre ma famille »



« Ici dans le voisinage, notre cantine solidaire nourrit tous les jours 80 personnes : des enfants, des handicapés, des femmes enceintes et des nourrissons », explique-t-elle. « Au menu aujourd’hui : spaghettis, bananes plantains, saucisses, fromage et salade

Les agriculteurs n’arrivent pas à vendre leurs récoltes

Chez les agriculteurs professionnels la crise se fait également sentir. « Avant je vendais cent paniers de pommes de terre en une semaine. Maintenant pour vendre 100 paniers de patates ça peut prendre deux à trois mois », se désole Luis David Peña. Cet agriculteur cultive depuis plus de 40 ans des légumes à Lapas, dans l’État de La Guaira, l’un des greniers du Venezuela. « Je ne sais pas ce qui se passe. Les gens ont-ils arrêté de manger ? Ou n’ont-ils plus de quoi payer ? »


Dans cette région rurale à une heure et demie de Caracas, la production agricole est traditionnellement destinée à nourrir les habitants de la capitale. La famille de Susana Ferrer transporte une fois par semaine les bananes de ses plantations sur les marchés de la ville. « Mais quand on arrive à Caracas nous avons dû mal à vendre nos produits. Parce que les gens n’ont plus d’argent ». La quinquagénaire s’inquiète de l’appauvrissement fulgurant de sa famille et dit vouloir voter ce dimanche « pour le changement


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