Hong Kong: le vote sans enjeu au Conseil législatif ne semble pas déplacer les foules
Hong Kong vote ce dimanche 19 décembre pour élire les membres de son parlement, le Conseil législatif, le « LegCo ». Ce sont les premières élections à se tenir selon des nouvelles procédures imposées par Pékin, en mars. Pour éviter que l’opposition pro-démocratie ne gagne la majorité, seuls des candidats « patriotes » ont eu le droit de se présenter. La participation à 19h30 s'élevait à 26,5%.
Il y a eu une énorme campagne de promotion pour inciter les gens à voter à Hong Kong. Le gouvernement a annoncé que tous les transports seraient gratuits ce 19 décembre pour encourager les gens à sortir de chez eux. Une initiative qui n'a pas forcément l'effet escompté. À 19h30 (11h30 TU), après onze heures de vote et à trois heures de la clôture, seuls 26,5% des inscrits s'étaient rendus aux urnes.
Et pourtant, il y a foule dans le métro ce dimanche, sur la ligne bleue qui parcourt l’île d’est en ouest, on se croirait en semaine aux heures de pointe. Mais les Hong-Kongais ont voulu profiter de l'aubaine pour faire des trajets les plus longs possibles, car à Hong Kong on paye en fonction de la distance. Pour les gens les plus modestes, aller à l’autre bout du territoire même en bus ou en métro est un luxe qu’ils ne s’offrent pas.
En fin de matinée plusieurs parcs nationaux où l’on va admirer les « feuilles rouges » de l’automne étaient encombrés comme une place de marché.
Beaucoup de Hong-Kongais ne sont pas allés voter comme ces trois jeunes, qui vont au restaurant. « Nous n’avons pas l’intention de voter », lance l'un d'entre eux. « Nous utilisons juste le métro pour s’amuser, juste pour le plaisir. », continue un autre.
Un scrutin boudé ?
En fait, étant donné que l’opposition pro-démocratie traditionnelle n’existe plus, les Hong-Kongais risquent fort de bouder ce scrutin. Comme l’indique le professeur de sciences sociales à l’université de Hong Kong, John Burns : « Les sondages montrent qu’une majorité de la population, 58%, considère ces élections comme injustes. Pourquoi injustes ? Parce que tous les principaux candidats d’opposition sont en prison, ils sont poursuivis, ils ont fui, ils ont été réduits au silence… »
Chacun des 153 candidats a dû, pour être autorisé à briguer un siège, donner des gages de loyauté politique à l'égard de la Chine et de « patriotisme ». De ce fait, les militants pro-démocratie ont été empêchés de se présenter ou y ont renoncé, lorsqu'ils ne sont pas en prison ou en fuite à l'étranger, et la plupart des candidats affichent un profil semblable.
Sur les 90 sièges du Conseil législatif, seuls 20 sont à pourvoir au suffrage universel, moitié moins qu'auparavant, le reste étant désigné par divers comités et groupes d'intérêt acquis au régime chinois.
Interdiction d'appel au boycott
Une loi a même été passée pour interdire à quiconque de suggérer l’abstention ou le vote blanc. Le délit est passible de trois ans de prison pour lequel dix personnes ont déjà été arrêtés à Hong Kong. Sept mandats d’arrêts internationaux ont également été lancés contre des militants en exil qui ont également appelé au boycott.