L’incident Obed Bapela entre le Maroc et l’Afrique du Sud

 



La visite d’un responsable de l'ANC à Rabat, le 7 octobre, a suscité des attentes quant à un possible rapprochement entre le Maroc et l'Afrique du Sud. Cependant, elle a rapidement provoqué une polémique du côté sud-africain.


Le lundi 7 octobre, Nasser Bourita, ministre marocain des Affaires étrangères, a accueilli à Rabat une délégation sud-africaine dirigée par Obed Bapela, vice-président du Comité des relations internationales du parti au pouvoir en Afrique du Sud, l'ANC, fondé par Nelson Mandela. À l'issue de cette rencontre, Bapela a exprimé à la presse son souhait de voir les relations commerciales et économiques entre le Maroc et son pays se renforcer.


Bapela, également membre de l'exécutif de l'ANC, a encouragé les entreprises marocaines à investir en Afrique du Sud, en rappelant que de nombreuses entreprises sud-africaines sont déjà présentes au Maroc. Il a aussi rencontré Rachid Talbi Alami, président de la Chambre des représentants, ainsi que plusieurs membres de la CGEM, le patronat marocain.


Cependant, la visite de ce dignitaire a surpris, étant donné que l'ANC soutient de longue date le Front Polisario et partage la position de l’Algérie sur la question du Sahara occidental. Peu de temps après, l’ANC a réagi en désavouant Bapela. Dans une lettre émanant du bureau du secrétaire général du parti, Bapela est accusé d'avoir présenté sa visite au Maroc comme étant privée, ce qui constitue, selon le parti, une violation des principes de l'ANC.


Le parti a estimé que les cadres supérieurs doivent toujours agir avec moralité et discipline révolutionnaire. Les déclarations de Bapela ont semé la confusion quant à la position de l'ANC sur le Sahara occidental, ce qui a mis le parti dans une situation délicate vis-à-vis de ses alliés, tels que le Front Polisario et la République sahraouie. En conséquence, Bapela a été démis de ses fonctions et pourrait faire l'objet de sanctions disciplinaires.


Ce n'est pas la première fois cette année que Bapela se retrouve au cœur d’une polémique. En janvier, alors qu’il était ministre des Entreprises publiques, il a été accusé par la presse sud-africaine d’avoir payé en espèces un entrepreneur pour des travaux de démolition dans sa résidence située dans une banlieue huppée de Johannesburg, pour un montant total de 840 000 rands (environ 43 800 euros).


Un possible changement dans le soutien au Polisario ?


Du côté marocain, la visite de Bapela aurait pu marquer un début de rapprochement entre Pretoria et Rabat, surtout que certains indices pouvaient le rendre plausible. En effet, Rachid Talbi Alami avait précédemment effectué une visite à Johannesburg où il avait rencontré ses homologues parlementaires sud-africains. De plus, en août, un think-tank sud-africain, l'Institut d'études de sécurité, avait noté un affaiblissement de la cause du Sahara occidental, affirmant que de plus en plus de pays africains retirent leur soutien à la République arabe sahraouie démocratique (RASD).


Cette tendance s'est confirmée avec l’ouverture de consulats étrangers dans les principales villes du Sahara occidental, telles que Laâyoune et Dakhla. Certains responsables sud-africains commencent à remarquer cette érosion du soutien à la RASD au profit de la souveraineté marocaine, suggérait l’étude du think-tank sud-africain ISS Today.



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