À Niamey, le Général Tiani Intensifie sa Rhétorique contre ses Adversaires et les « Valets Africains »
Le 17 décembre 2024, à l’occasion de l’anniversaire de la proclamation de la République du Niger, le général Abdourahamane Tiani, chef de la junte militaire, a tenu un discours marqué par des critiques virulentes à l’égard de la France et de ses alliés présumés, tout en saluant les avancées de l’Alliance des États du Sahel (AES).
Un discours offensif au nom de la souveraineté nationale
S'exprimant sur la chaîne nationale à 20 heures, le président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) a rendu hommage à la détermination du peuple nigérien pour défendre sa souveraineté. Il a également dénoncé ce qu’il a qualifié de « trahisons internes » et d’attaques orchestrées par des forces étrangères.
Selon lui, le Niger est confronté à une « adversité totale », alimentée par des acteurs extérieurs souhaitant maintenir leur influence néocoloniale et des Nigériens accusés de servir leurs intérêts. Tiani a aussi critiqué l’embargo imposé contre le Niger, qu’il considère comme une tentative de soumettre le pays et de faciliter une agression militaire.
L'Alliance des États du Sahel au cœur de la stratégie
Le général Tiani a souligné le rôle de l’AES, formée par le Niger, le Mali et le Burkina Faso, comme pilier de la reconquête de la souveraineté et de la sécurité régionales. Il a réaffirmé le caractère irréversible de la décision de quitter la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), qualifiée de relais des intérêts étrangers. Pour lui, l’AES est une réponse structurée pour sécuriser l’espace commun des trois nations face aux menaces extérieures, notamment celles qu'il attribue à la France.
Il a accusé cette dernière d’appuyer des groupes terroristes et de mettre en place des bases militaires dans des pays voisins pour encercler et déstabiliser le Niger et ses alliés de l’AES. Ces affirmations, bien qu’elles soient sujettes à controverse, s’inscrivent dans une rhétorique souverainiste assumée.
Mesures économiques et projets politiques
En parallèle, le discours a également été l’occasion pour Tiani de vanter les actions de son régime en faveur du pouvoir d’achat, notamment la baisse des prix du carburant et du ciment. Il a mis en avant les réalisations de son gouvernement avec insistance, adoptant un ton triomphaliste pour rallier l’opinion publique à sa cause.
Dans un contexte où des assises nationales sont prévues pour amorcer une transition politique, certains observateurs perçoivent dans ce discours les prémices d’un projet politique à long terme. Un acteur politique nigérien, sous couvert d’anonymat, estime que Tiani cherche à asseoir une idéologie souverainiste pour justifier sa gouvernance et rallier le soutien populaire. Cependant, il s’interroge sur la capacité du régime à répondre efficacement aux défis économiques et sécuritaires.
Des ambitions encore floues pour la transition
Malgré son discours offensif et ses promesses, le général Tiani n’a fourni aucun détail concret sur la durée ou les modalités de la transition politique en cours. Cette absence de clarté alimente les interrogations quant à la direction que prendra le Niger dans les mois ou années à venir.
Toutefois, des partisans du régime, tels qu'Abdouramane Oumarou, président de l’Union des patriotes panafricaniste, voient en Tiani un leader capable de redonner au Niger sa dignité et son autonomie face aux ingérences étrangères. Pour ces défenseurs, le général incarne une rupture nécessaire avec l'ordre ancien, bien que ses ambitions restent sujettes à de nombreux défis.
En somme, ce discours du 17 décembre reflète les tensions complexes qui traversent le Niger, entre aspirations souverainistes, gestion des crises internes, et enjeux géopolitiques régionaux.