L’URD au Mali : un avenir politique en question

 



Depuis le décès de son leader emblématique, Soumaïla Cissé, et les dissensions internes qui ont suivi, l’Union pour la République et la Démocratie (URD) cherche à retrouver sa place sur la scène politique malienne. Entre luttes de leadership et repositionnement stratégique, l’avenir du parti reste incertain, d’autant plus dans un contexte dominé par la junte militaire.


Une tentative de renaissance


Le samedi 30 novembre dernier, le Centre international de conférence de Bamako (CICB) a accueilli une conférence nationale de l’URD. À cette occasion, les couleurs vert et blanc ont à nouveau brillé, témoignant de la volonté du parti de renouer avec son prestige d’antan. Son président, Gouagnon Coulibaly, reste optimiste et affirme que l’URD demeure le plus grand parti du Mali en termes de structure et de présence territoriale. Cependant, cet optimisme masque les fractures internes et les défis que le parti doit surmonter.


Des divisions internes profondes


Depuis la disparition de Soumaïla Cissé en décembre 2020, l’URD traverse des turbulences marquées par des rivalités internes. Le conflit entre Gouagnon Coulibaly et Salikou Sanogo, ancien président par intérim, a culminé avec une scission. Après une décision judiciaire en faveur de Coulibaly, Sanogo a quitté le parti en mai 2023 pour fonder une nouvelle formation, Espoir pour la Démocratie et la République (EDR), emmenant avec lui plusieurs figures influentes de l’URD. Cette dissidence, soutenue par la veuve de Soumaïla Cissé, affaiblit considérablement l’unité du parti.


La quête d’un nouveau leadership


Le défi majeur pour l’URD reste de trouver une figure charismatique capable de remplacer Soumaïla Cissé et de mobiliser l’électorat en vue des élections présidentielles potentielles de 2025. Pour l’instant, aucun leader ne semble s’imposer. Des figures comme Boubou Cissé et Mamadou Igor Diarra, autrefois prometteuses, sont désormais éclipsées par des accusations de corruption et vivent en exil.


Un soutien prudent à la transition militaire


Malgré ces turbulences, l’URD semble s’aligner sur le régime d’Assimi Goïta, leader de la transition. Lors de son discours au CICB, Gouagnon Coulibaly a évité toute référence à l’héritage de Soumaïla Cissé, suscitant des critiques sur un possible abandon des valeurs fondatrices du parti. Ce soutien pourrait néanmoins représenter une stratégie pour rester pertinent dans le paysage politique malien.


Une implantation territoriale solide mais des défis financiers


Malgré ses difficultés, l’URD conserve un avantage grâce à son implantation dans tout le Mali, y compris dans les zones les plus reculées. Cet atout pourrait être déterminant pour les élections locales et législatives. Toutefois, l’absence de financements publics depuis 2018 et la perte de grands bailleurs constituent un sérieux handicap. Le parti pourrait encore compter sur des soutiens privés, comme Sékou Abdoul Kadri Cissé ou Amadou Sankaré, deux figures influentes proches du parti.


Une perspective électorale incertaine


Avec la possibilité d’élections en 2025, le projet de loi de finances allouant plus de 80 milliards de francs CFA aux dépenses électorales nourrit l’espoir d’un retour aux urnes. Cependant, pour l’URD, ces élections représentent un test décisif. Entre la recherche d’un leadership crédible et le maintien de sa présence sur l’échiquier politique, le parti devra démontrer qu’il peut surmonter ses faiblesses et s’adapter à un environnement politique en constante mutation.


L’URD parviendra-t-elle à redorer son blason ou sera-t-elle reléguée au rang de parti secondaire ? L’avenir politique du Mali nous en dira davantage.


Next Post Previous Post
No Comment
Add Comment
comment url
Ou sur telegram
sr7themes.eu.org