RDC : Félix Tshisekedi réorganise l'armée face à l'avancée du M23

 


Alors que le mouvement rebelle M23 étend son contrôle dans le Nord-Kivu, le président Félix Tshisekedi a décidé de réorganiser en profondeur le commandement des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC). Ce remaniement stratégique vise à donner un nouvel élan à la lutte contre les rebelles, mais pourra-t-il inverser la tendance sur le terrain ?


Une progression inquiétante du M23


Depuis l'échec du sommet prévu entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame à Luanda le 15 décembre, les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, ont intensifié leur avancée dans l'est de la RDC. Ils ont pris plusieurs villages stratégiques tels que Matembe, Alimbongo, et Mambasa au nord, ainsi que Buleusa et Kanune à l'ouest. Désormais, ils menacent Butembo, une des plus grandes villes de la région, et Walikale, un carrefour stratégique.


Face à cette situation critique, Félix Tshisekedi a annoncé, le 19 décembre, un remaniement massif des structures militaires. À travers des ordonnances diffusées à la télévision nationale, il a changé l'état-major, le commandement des bases militaires, les zones de défense, et même la direction de la Garde républicaine.


Changement à la tête des FARDC


Le lieutenant général Christian Tshiwewe Songesha, chef d'état-major depuis 2022, a été relevé de ses fonctions et nommé conseiller militaire du président, un poste nouvellement créé. Sous son commandement, le M23 a considérablement élargi son emprise, passant de quelques localités à cinq territoires du Nord-Kivu. Il est remplacé par Jules Banza Mwilambwe, promu lieutenant général, qui occupait jusque-là un poste clé au sein de la Maison militaire de la présidence.


Ce dernier, ayant également servi dans la Garde républicaine, devra gérer une armée en pleine restructuration, avec de nombreux officiers déplacés ou réaffectés.


Revers dans les opérations militaires


Le général-major Chico Tshitambwe, autre figure clé de l'armée, a également été redéployé. Chef d'état-major adjoint chargé des opérations, il avait dirigé récemment les combats contre le M23 et les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). Cependant, ses opérations se sont soldées par des échecs notables, alimentant des soupçons de collusion avec les FDLR. Désormais, il prendra la tête de la première zone de défense, située dans l'ouest du pays.


Un terrain complexe à l'est


Dans l'est, la troisième zone de défense, englobant le Nord-Kivu, a également un nouveau commandant : le lieutenant général Pacifique Masunzu. Ancien combattant de l'Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL), Masunzu connaît bien cette région où opèrent le M23, les FDLR et d'autres groupes armés. Ce militaire controversé a été accusé dans le passé de liens avec les FDLR et de détournement de matériel militaire.


Autres ajustements


Par ailleurs, le général Christian Ndaywel Okura, ancien directeur du renseignement militaire, prend la tête des forces terrestres. Il succède au lieutenant général Sikabwe Fall, en charge des opérations contre le M23. Cependant, Ndaywel fait face à des accusations judiciaires en Belgique, notamment pour son implication présumée dans des actes de torture et d’assassinat.


Des défis persistants


Ces changements interviennent alors que le processus de médiation de Luanda est en difficulté, en partie à cause du statut du M23, qui exige un dialogue direct avec Kinshasa. Pendant ce temps, la situation sécuritaire reste fragile, et la réorganisation de l'armée devra rapidement prouver son efficacité face à des défis de plus en plus complexes.


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