Sénégal : l'abrogation de la loi d'amnistie, un défi politique et judiciaire

 


Le débat sur l’abrogation de la loi d’amnistie adoptée sous Macky Sall à la veille de la présidentielle de mars 2024 refait surface. Si cette loi a permis de libérer de nombreux détenus politiques, dont le président Bassirou Diomaye Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko, elle reste critiquée pour avoir instauré une impunité face aux violences ayant coûté la vie à des dizaines de personnes entre 2021 et 2024.


Une loi controversée

Adoptée le 6 mars 2024, cette loi d’amnistie couvrait toutes les infractions liées aux manifestations politiques de cette période. Bien qu'elle ait permis la libération de centaines de détenus, elle a également mis fin à des procédures judiciaires concernant des actes graves, y compris des violences meurtrières. Pour les ONG, comme Amnesty International Sénégal, et le parti Pastef, cette loi est un "cadeau empoisonné".


Seydi Gassama, directeur exécutif d’Amnesty International Sénégal, déplore que les 65 victimes des violences politiques soient laissées sans justice : « Une loi d’amnistie qui crée l’impunité pour des assassins est inacceptable. » Les responsabilités des forces de sécurité et des milices, souvent impliquées dans ces violences, restent floues.


Une abrogation aux conséquences complexes

L’abrogation de cette loi soulève des questions épineuses. Si elle vise à lutter contre l’impunité, elle pourrait aussi remettre en cause la liberté retrouvée des manifestants. Massirin Savané, porte-parole de la coalition Jàmm ak Njeriñ, avertit : « Abroger cette loi risque de rouvrir des plaies et de créer des tensions sociales. »


Pour les partisans de l’abrogation, comme Ousmane Sonko, cette loi a toujours été moralement inacceptable. Lors de la campagne législative, il avait réitéré son opposition, rappelant qu’il avait refusé de la soutenir même lorsqu’il était en prison : « Si cette loi sert à couvrir des crimes de sang, nous ne l’accepterons jamais. »


Le rôle des institutions et du ministre de la Justice

Le ministre de la Justice, Ousmane Diagne, a promis de faire la lumière sur les violences passées : « Les responsables des morts survenues lors des manifestations répondront de leurs actes. » Mais certains craignent que l’abrogation ne devienne un instrument politique, notamment contre Ousmane Sonko, accusé de lourds crimes en 2023, et qui pourrait perdre la protection statutaire liée à son poste actuel.


Un avenir incertain

Alors que l'abrogation de la loi semble inéluctable, le Sénégal fait face à un dilemme majeur : privilégier la justice pour les victimes ou préserver la paix sociale durement acquise après des années de tensions. Ce choix déterminera l’avenir du pays, tant sur le plan politique que judiciaire.


La majorité présidentielle, désormais dirigée par le Pastef, devra trouver un équilibre entre ces deux impératifs. Pour l’heure, les voix s’élèvent, mais les réponses restent attendues.


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