Une Veille de Noël Sous Haute Tension au Mozambique
La situation au Mozambique est marquée par une intense instabilité en cette veille de Noël. Lundi 23 décembre, la Cour constitutionnelle du pays a confirmé la victoire du Frelimo, le parti au pouvoir depuis 1975, suscitant une vague de contestations qui paralysent la capitale, Maputo.
Un Climat Explosif
Les rues de Maputo, habituellement animées à l'approche des fêtes, se sont transformées en théâtre de violences sporadiques. Dans la nuit suivant l'annonce de la victoire du Frelimo, des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre ont éclaté, plongeant la ville dans une atmosphère de peur. Des barricades érigées sur les routes principales, des pneus enflammés, et des scènes de pillage témoignent de la gravité de la crise. Les forces de police, équipées de véhicules blindés, patrouillent le centre-ville où des groupes épars de manifestants continuent de défier l'autorité en lançant des projectiles et en provoquant des incendies.
Des Infrastructures Paralysées
Les dégâts sont considérables : magasins, supermarchés, banques et bâtiments publics ont été saccagés ou incendiés, laissant derrière eux des décombres calcinés. L'accès à l'aéroport de Maputo est largement entravé, et les transports publics sont paralysés. Seuls les véhicules d’urgence, tels que les ambulances et les corbillards, circulent encore dans la capitale.
À l’hôpital central de Maputo, la situation est critique. Selon son directeur, Mouzinho Saide, près de 200 employés n’ont pas pu rejoindre leur poste. L’établissement a reçu environ 90 blessés, dont 40 par balles et quatre victimes de coups d'arme blanche.
Une Contestation Qui s’Intensifie
Au-delà de Maputo, les troubles se propagent dans le nord du pays, notamment dans les provinces de Cabo Delgado, Nampula, Zambézie et Tete, où l’opposition est particulièrement active. Venâncio Mondlane, principal opposant et figure de la contestation, continue de mobiliser ses partisans. Sur les réseaux sociaux, il a dénoncé la validation de la victoire du Frelimo par le Conseil constitutionnel, qualifiant cette décision de "légalisation de la fraude". Il a également appelé à la création d’une "Cour constitutionnelle populaire" pour le proclamer président.
Depuis le scrutin présidentiel du 9 octobre, les manifestations ont fait plus de 100 morts, un bilan qui illustre la gravité de cette crise post-électorale sans précédent.
Une Réaction Mesurée du Frelimo
Malgré les accusations d’irrégularités électorales, Daniel Chapo, candidat du Frelimo, a été déclaré vainqueur avec 65,17 % des voix, bien que ce score ait été ajusté à la baisse par rapport aux résultats initiaux. Lors de son discours de victoire, Daniel Chapo a adopté un ton apaisant, affirmant vouloir dialoguer avec toutes les parties, y compris avec l’opposition.
Alors qu’il doit officiellement entrer en fonction à la mi-janvier, le défi de stabiliser le pays reste immense. La persistance des tensions met en péril non seulement la célébration des fêtes de fin d’année, mais aussi l’avenir politique du Mozambique.