Crise diplomatique entre la France et l'Algérie après l’expulsion d’un influenceur
Les relations entre Paris et Alger connaissent un nouvel épisode de tension après le renvoi avorté de l’influenceur algérien Doualemn. Ce dernier, accusé de propos violents en France, a été expulsé vers l'Algérie avant d’être immédiatement refoulé, déclenchant une réaction virulente des autorités françaises.
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a averti que la France pourrait prendre des mesures de représailles si l’Algérie maintenait cette attitude. Parmi les mesures envisagées figurent la restriction des visas, la réduction de l’aide au développement et la révision des coopérations bilatérales. Barrot s’est dit "stupéfait" du refus d’Alger de réadmettre un de ses ressortissants, dont la situation est désormais entre les mains de la justice française.
De son côté, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a dénoncé ce qu’il qualifie d’"humiliation" infligée à la France. Selon lui, cette situation est inacceptable et nécessite une riposte ferme pour défendre les intérêts français. Il a appelé à un examen de toutes les options diplomatiques disponibles face à cette crise.
Le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, soutient également des mesures fortes, notamment la suspension des visas, la fin de l’aide au développement et le blocage des transferts de fonds privés vers l’Algérie.
Un imbroglio administratif à l’origine de la crise
Doualemn, de son vrai nom Boualem Naman, influenceur de 59 ans actif sur TikTok, a été arrêté à Montpellier après la diffusion d’une vidéo controversée où il aurait appelé à la violence contre un opposant au régime algérien. Son titre de séjour a été retiré, et une procédure d’expulsion a été lancée.
Jeudi après-midi, il a été mis dans un avion à destination de l’Algérie. Mais à son arrivée à Alger, les autorités algériennes lui ont refusé l’entrée faute de laissez-passer consulaire, malgré son passeport biométrique algérien, selon Paris. Reconduit en France dans la soirée, il a été placé en centre de rétention près de Paris.
Alger justifie ce refus par l’absence de documents prouvant formellement sa nationalité algérienne. Ce contrôle est, selon les autorités algériennes, une procédure de sécurité incontournable avant toute réadmission.
Des tensions déjà vives entre Paris et Alger
Cet incident survient dans un contexte diplomatique déjà délicat. L’Algérie perçoit les récentes critiques françaises, notamment les propos d’Emmanuel Macron sur la détention de l’écrivain Boualem Sansal, comme des provocations. De plus, le rapprochement entre la France et le Maroc sur la question du Sahara occidental alimente les tensions.
Des influenceurs proches du régime algérien, accusés par Paris d’incitation à la violence, compliquent davantage les relations. La tentative d’expulsion de Doualemn cristallise ces différends.
L’ancien Premier ministre Gabriel Attal a appelé, dans une tribune au Figaro, à remettre en question les accords franco-algériens de 1968, qui facilitent les déplacements des Algériens en France.
Doualemn au cœur de la polémique
Influenceur suivi sur TikTok, Doualemn est accusé d’avoir incité à des actes violents dans une vidéo ciblant un opposant au régime algérien. Sa convocation devant la justice française était prévue dans les prochains jours, mais les autorités ont préféré accélérer son expulsion. Le refus de l’Algérie de le réadmettre a mis Paris dans une position inconfortable.
Bruno Retailleau estime que ce refus viole les accords en vigueur et dénonce un acte de défiance. L’affaire, désormais judiciaire, pourrait aggraver davantage les tensions entre les deux pays.