Un quatrième Casque bleu tchadien tué par un engin explosif dans le nord du Mali
Un quatrième Casque bleu tchadien est décédé mardi après l'explosion d'une mine artisanale dans le nord du Mali. Les engins explosifs improvisés, armes de prédilection des jihadistes, ont causé la mort de 76 Casques bleus depuis le début de la mission en 2013. Lors d'une réunion au Conseil de sécurité de l'ONU, le chef de la Minusma a réclamé plus de moyens pour intervenir dans un "environnement opérationnel difficile".
La Minusma continue de payer un lourd tribut au Mali. Un quatrième Casque bleu tchadien a succombé à ses blessures causées par l'explosion d'un engin explosif improvisé dans le nord du pays, a indiqué mardi 18 octobre une porte-parole de la mission de l'ONU dans ce pays.
Les soldats ont trouvé la mort après que leur véhicule eut sauté sur un engin explosif improvisé (EEI) lundi lors d'une patrouille de déminage à Tessalit, dans la région de Kidal. Deux autres ont été gravement blessés.
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres "condamne fermement" cette attaque, a dit dans un communiqué publié à New York son porte-parole Stéphane Dujarric. Antonio Guterres présente ses "sincères condoléances" au Tchad et exprime sa sympathie avec les familles des victimes.
Les attaques contre les Casques bleus peuvent constituer des crimes de guerre au regard du droit international, a rappelé Antonio Guterres.
Les engins explosifs improvisés ont causé la mort de 76 Casques bleus depuis le début de la mission en 2013, a comptabilisé la Minusma.
La Minusma réclame plus de moyens
Ce nouvel incident intervient alors que se déroulait mardi une réunion au Conseil de sécurité sur cette mission de maintien de la paix.
À cette occasion, le chef de la Minusma, El-Ghassim Wane, a décrit "une situation sécuritaire volatile dans le centre du Mali et dans la zone des trois frontières Mali-Burkina Faso-Niger", a-t-il ajouté.
"Nous utilisons nos ressources de la manière la plus créative et flexible possible", mais la "détermination" des Casques bleus sur le terrain "ne peut pas remplacer les moyens dont nous avons désespérément besoin", a-t-il encore insisté, décrivant un "environnement opérationnel difficile".
Le rapport du secrétaire général Antonio Guterres examiné lors cette réunion souligne notamment les "restrictions de mouvement et d'accès" rencontrées par la Minusma, la plupart imposées par les autorités maliennes, ainsi que des "campagnes de désinformation" contre la mission.
"La Minusma est en danger", a commenté l'ambassadeur français Nicolas de Rivière, évoquant les actions des groupes terroristes et les "entraves aux activités de la mission".
"Nous comptons sur l'esprit de responsabilité des autorités de transition pour ne pas précipiter un départ dont les Maliens seraient les premières victimes", a-t-il ajouté, réclamant une "coopération pleine et entière" de la junte.
Antonio Gutteres, qui doit présenter d'ici janvier des propositions sur des évolutions possibles de la mission, avait noté en septembre la nécessité de trouver des "solutions nouvelles" pour la Minusma.
Le Mali accuse de nouveau la France
En juin, le Conseil de sécurité a prolongé d'un an son mandat jusqu'au 30 juin 2023, mais pour la première fois sans le soutien aérien de la France qui s'est totalement retirée du Mali. Il prévoit à ce stade un maintien des effectifs actuels, soit 13 289 militaires et 1 920 policiers.
"Contrairement à ce qui est véhiculé, il n'existe aucune volonté de restreindre les mouvements de la mission", a répondu le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop, mettant en avant la "volonté d'affirmer notre souveraineté sur notre territoire".
Quant à l'avenir de la Minusma, la "priorité" du Mali est son "recentrage" sur le "fondement de sa présence au Mali, notamment l'appui à la restauration de l'autorité de l'État sur l'ensemble du territoire".
Le ministre a d'autre part réclamé à nouveau une session spéciale du Conseil de sécurité sur la France qu'il a accusée de "violations répétées de l'espace aérien" malien, "de duplicité, d'espionnage et de déstabilisation". Des accusations "mensongères" rejetées par l'ambassadeur français.
Avec AFP